Une histoire d’échelle pour comprendre le conseil

Vous êtes monté sur une échelle muni d’une visseuse électrique pour bricoler quelque chose sous la gouttière.

Je suis votre voisin et passant par-là, je vous propose de vous tenir l’échelle tant que vous êtes en haut. Saisissant les montants, j’assure la stabilité de ce qui n’est règlementairement qu’un moyen d’accès et non un poste de travail (j’évite de faire ce commentaire qui ne vous apporterait rien dans la situation présente).

Après environ 5 minutes vous redescendez et après m’avoir sommairement remercié, vous lancez :

« mais vous savez, voisin, ça ne m’a pas servi à grand-chose que vous me teniez l’échelle… ».

Certes. Néanmoins, le fait de tenir l’échelle lui a conféré une certaine stabilité, ce qui vous a permis de visser de manière plus efficace. Sans doute au lieu de 5 minutes auriez-vous eu besoin de 6, 7, 10 minutes… il est difficile de calculer ce supplément de maîtrise de votre process que mon intervention vous a apporté.

Par ailleurs, vous n’êtes pas tombé. Seriez-vous tombé sans mon assistance ? Nous ne le savons pas et ne le saurons jamais. Si vous étiez tombé, il est certain que votre femme aurait dit :

« mais pourquoi n’as-tu pas demandé au voisin de te tenir l’échelle ? Te voilà bien avancé avec ton pied dans le plâtre ! ».

La réduction du risque de chute conféré par mon intervention est également très difficile à mesurer, pourtant elle existe.

Quand elle se déroule bien, une mission de conseil revient souvent à cette parabole de l’échelle.

Vous avez gagné en efficacité et en efficience, des risques ont été évités, et comme tout s’est bien passé, c’est humain, on a tendance à minimiser la valeur ajoutée de celui qui a « seulement » tenu l’échelle.